Mesdames et Messieurs les membres du comité de l’Association fribourgeoise des animateurs socio-culturels,
Mesdames les déléguées à l’intégration et à la jeunesse du canton de Fribourg,
Mesdames, Messieurs,
Bienvenue en Veveyse ! C’est toujours un plaisir pour nous d’accueillir l’assemblée d’une
association cantonale en ces terres, souvent injustement méconnues. La Veveyse, c’est le plus
petit district du canton. Avec tout juste 18'000 habitants en décembre 2016, 9 communes de taille
relativement modestes, un chef-lieu, Châtel-St-Denis, de 6500 habitants, la Veveyse reste un
écrin de verdures, au pied des Préalpes. Le district a toutefois connu un développement
important puisque, en 1983, il ne comptait que 9000 âmes. Aujourd’hui, le chiffre de 9000
correspond… aux personnes de moins de 40 ans. Cette forte croissance de la population a incité
les autorités locales à agir. L’atelier jeunesse de la Veveyse, dont le local nous accueille, fêtera
cette année ses 15 ans d’existence. Il incarne l’une des actions entreprise par le district pour
favoriser le vivre ensemble de ces nouveaux habitants, beaucoup d’entre eux étant jeunes (un
quart de la population a moins de 25 ans).
L’atelier jeunesse, que vous me permettrez de nommer AJV, a très vite rencontré un franc succès. Il répondait en effet à une attente : celle, pour les adolescents, d’avoir un lieu où se retrouver entre eux. Hors du cocon familial car s’il est un âge où l’on a soif de liberté et d’expérience, c’est bien celui-ci. Hors des structures habituelles, tels que les restaurants, le thé froid coûte moins cher ici, mais aussi à l’écart des lieux de rencontre non structurés, tel que la gare, où il fait un peu froid, en hiver. Ayant achevé mon école secondaire en 2000 à Châtel, j’ai fait partie de la dernière génération d’ado qui n’a pas eu la chance de bénéficier d’un tel lieu. Mais aussi de celle qui a été consultée, en 1999, sur ses souhaits, consultation qui a mené à la création de l’AJV.
C’est en 2012, alors que l’AJV fêtait ses 10 ans, que les premières réflexions sur la création d’un
poste de délégué à la jeunesse pour le district ont eu lieu. C’est aussi en 2012 que nous sommes
informés de l’existence du projet « paysage éducatif » de la fondation Jakob et du canton de
Fribourg et du soutien financier que nous pourrions obtenir si notre projet est retenu. En mettant
son idée au concours et surtout, en le gagnant, la Veveyse a saisi une chance rare : pouvoir tester
la pertinence d’une politique jeunesse dépassant le cadre de l’AJV sans devoir en assurer le
financement jusqu’en 2017. En effet, vous ne vous en doutez pas, si l’argent est le nerf de la
guerre, il est encore plus essentiel en politique, surtout dans un domaine tel que celui-ci, encore
nouveau. Je laisserai à Anne le soin de vous expliquer les différentes actions mises en place par
le paysage éducatif veveysan et me concentrerai sur l’aspect politique de son développement.
Dès le départ, les élus communaux ont été intégrés aux réflexions, discussions et autres débats sur le contour de notre paysage éducatif avec, en arrière-plan, cette volonté d’avoir un-e déléguée jeunesse pour le district. Aujourd’hui, les neuf exécutifs communaux du district sont représentés dans le comité de l’atelier jeunesse, récemment « fusionné » avec le PEV, par un conseiller communal. C’est essentiel car ce lien direct entre les élus, le PEV/AJV et leur commune respective permet d’assurer une bonne communication entre les diverses entités concernées. Cela permet aussi de fédérer l’ensemble des communes du district autour d’un projet et de leur en montrer les bénéfices. Ces bénéfices ne sont pas tous perceptibles d’emblée, certains projets ont mis du temps pour atteindre un rythme de croisière, pour se concrétiser. D’autres sont rapidement visibles, tels que les accueils décentralisés mis en place il y a quelques mois. En tant que conseiller communal, je suis toujours heureux d’entendre mes collègues du Conseil saluer l’impact positif de cette démarche sur les jeunes de mon village et la bonne fréquentation de ces accueils. Croyez-moi, les faits, lorsqu’ils sont ostensibles, valent plus que n’importe quels arguments. Si ce lien et cette visibilité du PEV/AJV sont si essentiels, c’est pour une raison simple. Les subventions de la fondation Jacobs et du canton de Fribourg tombent cette année. Ensuite, les neuf communes devront, si elles le souhaitent, assurer ensemble la pérennité du projet. Politiquement bien sûr mais, surtout, financièrement. Et le défi n’est pas des moindre puisque nous avons, depuis, engagé de nouvelles animatrices. Même si les coûts du fonctionnement de l’AJV/PEV peuvent paraître dérisoires comparés à ceux d’autres domaines de la politique communale, les résultats de cette politique jeunesse ne sont pas toujours visibles ou suffisamment concrets pour emporter aisément l’assentiment de la majorité. Mais, et je l’ai dit,
l’intégration des élus dans ce processus dès le départ aidera à convaincre l’ensemble des
communes. Chacune d’entre elle possède en effet un relais informé, je l’espère convaincu et, par
conséquent, apte à persuader ses collègues. J’ai donc bon espoir que ce projet, novateur dans un
district périurbain voire rural comme le nôtre, perdurera. Pour le bien de nos jeunes qui attendent
de notre part un peu plus que des promesses et de vains discours.
Mesdames Messieurs, vous qui représentez cette profession d’animateur socio-culturel dans
notre canton, êtes sans aucun doute convaincus par l’utilité de telles politiques. Vous n’ignorez
sans doute pas que votre profession est encore trop méconnue, que la jeunesse d’aujourd’hui,
tout comme celle d’hier d’ailleurs, a besoin d’une liberté parfois peu encadrée par des
professionnels formés, à l’écoute et compréhensifs. Je tiens donc à saluer tout particulièrement
l’équipe de l’AJV/PEV pour son immense engagement en faveur des jeunes de notre région et,
d’une manière générale, l’ensemble des animateurs socio-culturels de notre canton. Le travail
que vous faites est important, il permet d’atteindre des résultats concrets, visibles, même si cela
prend parfois du temps. Je ne peux qu’inciter votre association à poursuivre son engagement, à
expliquer, à informer les élus, à tous les niveaux, de la nécessité de telles politiques.
Je vous
souhaite une belle et fructueuse assemblée et vous remercie pour votre aimable attention.