La période administrative 2016-2021 est déjà bien entamée. La question des fusions de communes va donc, tôt ou tard, se poser. Non parce que c’est tendance mais par nécessité. Pour remplir leurs tâches, toujours plus complexes, les communes, du moins les plus petites d’entre elles, n’auront bientôt plus d’autre choix que la fusion. Il est temps pour elles d’agir, avant qu’elles ne perdent la maîtrise de leur destin. Initialement sceptique (en 2013), j’ai fini par acquérir une conviction : seule la fusion des neuf communes du district est à même de donner corps à un véritable projet d’avenir pour la région. Elle garantira d’une part la survie de la Veveyse et lui conférera, d’autre part, une voix audible sur l’échiquier politique cantonal.
Voici mes prises de position sur la question dans La Gruyère et Le Messager en octobre 2016 :
S’il doit y avoir une fusion en Veveyse, la fusion à 9 est la meilleure alternative. Ainsi, chaque village garderait son identité. Des mini fusions n’apporteraient rien de plus aux Veveysans.
Je suis favorable à une Veveyse forte et unie, parlant d’une seule voix à Fribourg et souhaite que les Veveysans puissent donner leur avis au plus vite.
La Veveyse ne doit pas rester le plus petit district du canton, oublié par Fribourg. Dans 25 ans, Veveyse sera le nom d’une commune. 25'000 habitants, un réseau de transports publics reliant rapidement tous les villages à Châtel, des services décentralisés (pompiers, édilité, écoles…), un centre de santé et, aussi, un vrai poids sur l’échiquier politique. Une commune pour une Veveyse forte et unie. Ne nous y trompons pas : sans audace, sans anticipation, la Veveyse ne sera plus dans 25 ans.
L’objectif d’une fusion de communes n’est pas de satisfaire l’égo d’élus locaux souhaitant « régner » sur un territoire plus étendu mais bien d’offrir un projet d’avenir à ses habitants avec, à la clé, de véritables améliorations. Il ne s’agit pas non plus de céder à une mode mais d’accepter la réalité : on ne gère plus les écoles, les routes ou les conduites communales comme il y a 40 ans. Les exigences sont élevées, tant du côté du législateur (exigences juridiques et techniques) que du citoyen (attente d’un service irréprochable). Face à cela, les vocations politiques se font toujours plus rares : lors des dernières élections communales, quatre communes veveysannes sur neuf ont vu leurs autorités élues tacitement.
Une fusion de communes étant un exercice compliqué et coûteux, elle doit viser la réalisation d’un véritable projet de société pour la population concernée. En Veveyse, aujourd’hui, seule la fusion des neuf communes du district peut atteindre un tel objectif. Elle assure en plus l’existence de l’identité « Veveyse » sous la forme d’une commune plutôt que d’un district. Il faudra, pour y parvenir, oublier les vieilles querelles, qui n’ont plus lieu d’être en cette première moitié du 21ème siècle. Il faudra aussi du courage et une vision d’avenir, tant de la part des autorités que de la population.
La disparition du district de la Veveyse est annoncée. S’y opposer est aussi passéiste qu’irrationnel. Le maintien d’une telle structure administrative pour 18'000 habitants (les communes de Bulle et de Fribourg sont toutes deux plus peuplées) n’a plus de sens au 21ème siècle. Cela prendra probablement 10 ou 15 ans, mais c’est inéluctable.
Faut-il passer par des étapes intermédiaires, en divisant d’abord le district en trois communes ? Certainement pas. Ce serait le choix de l’immobilisme, du manque d’ambition et de vision, avec pour seuls enjeux la couleur des armoiries et le nom de la commune fusionnée. Le citoyen, dans tout cela, ne gagnerait rien. De telles communes (5000-6000 habitants), toujours modestes, n’auraient pas une véritable capacité d’action.
Les événements récents l’ont prouvé. La Veveyse est le plus petit district du canton et n’a, de ce fait, que peu d’influence à Fribourg (6 députés sur 110). Elle ne dispose ni d’un Conseiller d’Etat, ni d’un élu fédéral, ce qui renforce encore cet état de fait. En abandonnant son statut de plus petit district pour embrasser le destin de l’une des plus grandes communes du canton, la Veveyse gagnerait une vraie place sur l’échiquier politique cantonal, place essentielle pour être entendu et, surtout, écouté.
Être écouté par les autorités cantonales est essentiel au succès de nombreux projets. Une fusion à neuf aurait toutefois un autre avantage, majeur : une commune de plus de 20'000 habitants a les moyens de développer de vraies politiques régionales, en s’affranchissant autant de la lenteur du processus décisionnel et peu démocratique lié aux associations de communes qu’en disposant de moyens, financiers et en personnel, à la hauteur de telles ambitions. Transports, pompiers, sport, aménagement du territoire sont, entre autres, des domaines pour lesquelles une commune de 20'000 habitants peut agir, de concert avec sa population.
Que l’on s’entende bien, fusionner ne signifie pas centraliser. Une commune si étendue, constituée de multiples bourgs et villages, ne s'autorisera pas un tel écart. Elle pourrait par contre mettre en place de véritables projets à l’échelle d’une région, projets dans lesquels les citoyens seraient impliqués alors qu’ils en sont, aujourd’hui, presque toujours exclus.
Ce projet ambitieux, dont deux anciens conseillers communaux (Roland Besse et Eric Cornaro), avaient esquissé les contours sous l’appellation « neuf comme une », fait son chemin. C’est bien l’ensemble des Veveysannes et des Veveysans qu’il faudra convaincre, avec le concours des autorités locales. Lorsqu'il s'agira de décider, ne l'oubliez pas: l’avenir de la Veveyse est en jeu !