La Liberté, 1 avril 2019
Charly Rappo, La Liberté |
L’association ne veut pas laisser le canton de Fribourg bâtir des routes qui «appartiennent au passé»
FRANÇOIS MAURON
Mobilité » L’ATE Fribourg sort du bois. La section cantonale de l’Association transports et environnement s’oppose en effet avec vigueur aux différents projets de routes de contournement qui sont prévus dans le canton de Fribourg, promettant de mener une vraie guérilla juridique pour défendre sa cause. «Nous allons faire systématiquement opposition à toutes les voies d’évitement une fois que ces ouvrages seront mis à l’enquête. Nous soutiendrons en outre les énergies locales, les habitants des différentes régions qui s’engageront contre ces derniers. Aucun de ces projets n’est acceptable, y compris la route de liaison entre Marly et Matran», affirme Prisca Vythelingum, secrétaire générale de l’ATE Fribourg.
Pour mémoire, le Grand Conseil a adopté en 2016 un crédit de 34,75 millions de francs pour l’étude de sept routes de contournement. Un comité de pilotage a ensuite évalué les projets, afin de les prioriser. En décembre dernier, enfin, le Conseil d’Etat a défini un ordre de réalisation, en prenant en considération une plus forte pondération des coûts de construction. Il classe en tête le dossier de Romont, suivi de Chiètres et de Prez-vers-Noréaz. D’autres voies d’évitement sont prévues à Belfaux, Givisiez, Courtepin et Neyruz. A noter que deux autres projets (contournement de Guin et liaison Marly-Matran), antérieurs, ont déjà fait l’objet d’études avancées, avalisées par le Grand Conseil. En 2016, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre le tracé entre Marly et Matran.
«Des solutions du passé»
Cette planification routière fait bondir l’ATE. «L’avenir, ce n’est pas de construire de nouveaux kilomètres de bitume, mais de trouver de nouvelles façons de se déplacer», fait remarquer Savio Michellod, président de l’ATE Fribourg. Et de citer l’exemple de la H189, la route de contournement de Bulle: «Il y a 15 ans, on pensait qu’elle résoudrait tous les problèmes de circulation du chef-lieu gruérien. Or aujourd’hui, la situation n’est pas meilleure qu’à l’époque. Car les nouvelles routes entraînent une augmentation du trafic», lâche-t-il. «Le canton est en train d’organiser des solutions du passé, alors qu’il devrait imaginer la mobilité de demain», renchérit Prisca Vythelingum.
Plutôt que d’affecter des centaines de millions de francs à des axes goudronnés, l’association propose de dépenser cette somme autrement. «Il faut améliorer les transports publics, notamment en utilisant les infrastructures ferroviaires déjà existantes dans le canton, et développer les réseaux de bus urbains à Fribourg et à Bulle», suggère Savio Michellod. Qui aimerait aussi inciter au covoiturage la population adepte de mobilité individuelle.
«Le canton doit également investir durablement dans les pistes cyclables. Le réseau actuel de voies pour les vélos est difficile d’accès et souvent dangereux. Il faut faciliter au public le choix de la mobilité douce», poursuit Prisca Vythelingum. Pour appuyer ses dires, elle évoque le sondage présenté récemment par l’Union des villes suisses, selon lequel les habitants de Fribourg sont majoritairement insatisfaits du trafic dans leur cité, pointant notamment du doigt l’insuffisance du réseau cycliste.
Changer les mentalités
Partie au combat, l’ATE Fribourg promet de se battre jusqu’à la dernière cartouche, forte de ses 2500 membres. «Nous rassemblons des personnes venues d’horizons politiques différents, mais toutes sont convaincues de la nécessité d’agir», relève Savio Michellod. Lui-même est membre du Parti libéral-radical, tandis que Prisca Vythelingum fait partie des Verts. «Le réchauffement climatique est un enjeu majeur, les jeunes qui manifestent l’ont bien compris. Nous devons changer les mentalités, y compris dans mon propre parti», sourit le président de l’ATE Fribourg.