La construction du pont de la Poya a permis
de faire respirer la cathédrale et la Vieille-Ville de Fribourg. Mais, revers
de la médaille, l’ouvrage engendre trop de circulation motorisée à ses
débouchés sur le plateau d’Agy et l’avenue Général-Guisan, selon l’ATE
Fribourg. C’est pourquoi la section cantonale de l’Association transports et
environnement vient de casser le contrat signé avec l’Etat en août 2006, avant
le début des travaux, a appris La Liberté. Celui-ci prévoyait des limites de
trafic à ne pas dépasser.
«Nous avons mené différentes démarches auprès des autorités cantonales et
communales afin de trouver des solutions globales pour l’ensemble du secteur
touché par l’édification du pont. Comme aucune d’entre elles n’a eu les
résultats espérés, le comité de l’ATE, section Fribourg, a décidé de dénoncer
la convention qui, à son avis, est inutile en l’état», confirme Prisca
Vythelingum, secrétaire générale de l’ATE Fribourg. Le pacte conclu en août
2006 avec la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des
constructions (DAEC) demandait la mise en œuvre d’un plan directeur partiel des
transports (PDpT) visant à éviter un transfert de la circulation dans les
quartiers alentour de Saint-Léonard et du plateau d’Agy. En échange, l’ATE
retire son opposition à la'construction de l’ouvrage. Diverses mesures
d’accompagnement sont prévues, financées par les communes (Fribourg et
Granges-Paccot) en raison du principe de subsidiarité (lequel veut que la
responsabilité d’une action publique revienne à l’entité compétente la plus
proche des personnes directement concernées par celle-ci, ndlr).
Désengorger le Bourg Le pont de la Poya est ouvert aux, voitures en octobre
2014. Objectif: désengorger le quartier du Bourg de 25 000 véhicules par jour.
Comme convenu, des mesures d’accompagnement sont mises en place, notamment à
l’avenue Général-Guisan, pour éviter un report du trafic. Puis plusieurs
analyses de circulation sont menées, jusqu’en automne 2017. «Elles prouvent que
la circulation a augmenté de plus de 10% sur certains axes qui ne devaient pas
subir d’accroissement, selon le PDpT», souligne Prisca Vythelingum.
A titre d’exemple, selon les comptages, le nombre de véhicules transitant
quotidiennement par l’avenue Général-Guisan est passé de 6300 en 2013 à 6900
quatre ans plus tard (+9%). De plus, l’ATE craint que ce chiffre ne soit
sous-estimé, en raison d’une méthode de calcul peu claire. «De manière
générale, les autorités cantonales et communales considèrent qu’il devient
difficile d’imputer l’augmentation du trafic à la construction du pont de la
Poya, estimant qu’il faut tenir compte de la hausse «naturelle» du parc
automobile en lien avec celle de la population», affirme Prisca Vythelingum.
Réfutant cet argument, l’ATE a pris langue avec le canton dans l’espoir de
trouver des pistes pour faire baisser le trafic. En vain.
De guerre lasse, l’association a décidé de dénoncer la convention. «Cela nous
libère de nos entraves. Nous allons pouvoir demander de nouvelles mesures de
régulation de trafic. Nous allons aussi analyser s’il existe un moyen d’action
au niveau légal», note Savio Michellod, président de l’ATE Fribourg. Selon lui,
les collectivités publiques doivent mettre en place «rapidement» un accès
direct en transports publics entre le Schoenberg et le plateau d’Agy.
«Il s’agit aussi de viser un taux nul de croissance annuel du trafic individuel
motorisé, au moins dans l’agglomération, voire une baisse, à l’exemple de ce
qu’a annoncé la ville de Neuchâtel dernièrement», avance-t-il. » Selon les
comptages, le nombre de véhicules transitant par l’avenue Général-Guisan a
augmenté de 9% entre 2013 et 2017. Or le pont de la Poya est ouvert depuis 2014.
Charles EUenaarchives La Direction de l’aménagement, de l’environnement et des
constructions (DAEC) dit ne pas être au courant d’une rupture du contrat la
liant à l’ATE Fribourg au sujet du pont de la Poya. «La convention ne contient
pas de disposition prévoyant une éventuelle dénonciation d'une partie ou d’une
autre», indique Corinne Rebetez, responsable de la communication de la DAEC.
Selon elle, l’augmentation du trafic ne peut plus être imputée de manière
intégrale au seul pont. «C’est pour cette raison qu’un groupe de travail
portant sur le plateau d’Agy a été mis en place, avec des représentants de
l’Etat ainsi que des communes de Fribourg et de Granges-Paccot, afin d’examiner
notamment les augmentations du trafic sur l’ensemble du périmètre et les
mesures qui peuvent être prises dans ce contexte pour protéger la population
des quartiers concernés contre les effets nuisibles du trafic supplémentaire»,
indique Corinne Rebetez.