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20 sept. 2019

L’ATE dénonce son accord avec l’Etat

La Liberté, 20 septembre 2019 -  FRANÇOIS MAURON Mobilité  


La construction du pont de la Poya a permis de faire respirer la cathédrale et la Vieille-Ville de Fribourg. Mais, revers de la médaille, l’ouvrage engendre trop de circulation motorisée à ses débouchés sur le plateau d’Agy et l’avenue Général-Guisan, selon l’ATE Fribourg. C’est pourquoi la section cantonale de l’Association transports et environnement vient de casser le contrat signé avec l’Etat en août 2006, avant le début des travaux, a appris La Liberté. Celui-ci prévoyait des limites de trafic à ne pas dépasser.


«Nous avons mené différentes démarches auprès des autorités cantonales et communales afin de trouver des solutions globales pour l’ensemble du secteur touché par l’édification du pont. Comme aucune d’entre elles n’a eu les résultats espérés, le comité de l’ATE, section Fribourg, a décidé de dénoncer la convention qui, à son avis, est inutile en l’état», confirme Prisca Vythelingum, secrétaire générale de l’ATE Fribourg. Le pacte conclu en août 2006 avec la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC) demandait la mise en œuvre d’un plan directeur partiel des transports (PDpT) visant à éviter un transfert de la circulation dans les quartiers alentour de Saint-Léonard et du plateau d’Agy. En échange, l’ATE retire son opposition à la'construction de l’ouvrage. Diverses mesures d’accompagnement sont prévues, financées par les communes (Fribourg et Granges-Paccot) en raison du principe de subsidiarité (lequel veut que la responsabilité d’une action publique revienne à l’entité compétente la plus proche des personnes directement concernées par celle-ci, ndlr).

Désengorger le Bourg Le pont de la Poya est ouvert aux, voitures en octobre 2014. Objectif: désengorger le quartier du Bourg de 25 000 véhicules par jour. Comme convenu, des mesures d’accompagnement sont mises en place, notamment à l’avenue Général-Guisan, pour éviter un report du trafic. Puis plusieurs analyses de circulation sont menées, jusqu’en automne 2017. «Elles prouvent que la circulation a augmenté de plus de 10% sur certains axes qui ne devaient pas subir d’accroissement, selon le PDpT», souligne Prisca Vythelingum.

A titre d’exemple, selon les comptages, le nombre de véhicules transitant quotidiennement par l’avenue Général-Guisan est passé de 6300 en 2013 à 6900 quatre ans plus tard (+9%). De plus, l’ATE craint que ce chiffre ne soit sous-estimé, en raison d’une méthode de calcul peu claire. «De manière générale, les autorités cantonales et communales considèrent qu’il devient difficile d’imputer l’augmentation du trafic à la construction du pont de la Poya, estimant qu’il faut tenir compte de la hausse «naturelle» du parc automobile en lien avec celle de la population», affirme Prisca Vythelingum. Réfutant cet argument, l’ATE a pris langue avec le canton dans l’espoir de trouver des pistes pour faire baisser le trafic. En vain.

De guerre lasse, l’association a décidé de dénoncer la convention. «Cela nous libère de nos entraves. Nous allons pouvoir demander de nouvelles mesures de régulation de trafic. Nous allons aussi analyser s’il existe un moyen d’action au niveau légal», note Savio Michellod, président de l’ATE Fribourg. Selon lui, les collectivités publiques doivent mettre en place «rapidement» un accès direct en transports publics entre le Schoenberg et le plateau d’Agy.

«Il s’agit aussi de viser un taux nul de croissance annuel du trafic individuel motorisé, au moins dans l’agglomération, voire une baisse, à l’exemple de ce qu’a annoncé la ville de Neuchâtel dernièrement», avance-t-il. » Selon les comptages, le nombre de véhicules transitant par l’avenue Général-Guisan a augmenté de 9% entre 2013 et 2017. Or le pont de la Poya est ouvert depuis 2014. Charles EUenaarchives La Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC) dit ne pas être au courant d’une rupture du contrat la liant à l’ATE Fribourg au sujet du pont de la Poya. «La convention ne contient pas de disposition prévoyant une éventuelle dénonciation d'une partie ou d’une autre», indique Corinne Rebetez, responsable de la communication de la DAEC.

Selon elle, l’augmentation du trafic ne peut plus être imputée de manière intégrale au seul pont. «C’est pour cette raison qu’un groupe de travail portant sur le plateau d’Agy a été mis en place, avec des représentants de l’Etat ainsi que des communes de Fribourg et de Granges-Paccot, afin d’examiner notamment les augmentations du trafic sur l’ensemble du périmètre et les mesures qui peuvent être prises dans ce contexte pour protéger la population des quartiers concernés contre les effets nuisibles du trafic supplémentaire», indique Corinne Rebetez. 
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