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10 oct. 2019

Un «bataillon veveysan» qui divise

La Liberté, 10 octobre 2019 - STÉPHANE SANCHEZ 


L'organisation future des pompiers divise la Veveyse. Contrairement à Châtel-Saint-Denis et à Remaufens, les Conseils communaux d’Attalens, de Bossonnens, de Granges, de La Verrerie, du Flon, de Saint-Martin et de Semsales soutiennent la création d’un «bataillon veveysan» appuyé par une association des communes du district. Ils ont transmis leur position le 27 septembre dernier au directeur de la Sécurité et de la justice, à l’issue de la consultation sur l’avant-projet de loi sur la défense incendie et les secours.

L’idée d’un bataillon veveysan va pourtant contre cet avant-projet de loi. Le district ne compte que 19'000 âmes, alors que la réforme impose un bassin minimal de 30 000 habitants. «C’est la taille requise pour une prise en charge efficiente des risques et une économie des moyens. Cela l’emporte sur les frontières administratives», explique Didier Page, secrétaire général adjoint de la Direction de la sécurité (DSJ). 

L’alliance du Sud fait peur 
Ce seuil de 30 000 habitants pousse d’ailleurs le Sud fribourgeois à s’unir. Car la Glâne aussi, avec environ 24 500 âmes, ne peut pas faire cavalier seul. D’où l’idée d’un bataillon et d’une association réunissant la Gruyère, la Glâne et la Veveyse, peut-être à Vaulruz. «C’est à l’état de discussions», insiste François Genoud, préfet de la Veveyse. Or les sept communes veveysannes, qui revendiquent logiquement un seuil de 20000 habitants, ne cachent pas leur crainte: «Une association regroupant les trois districts éloignerait les sapeurs du centre de décision et de commandement», prédit Savio Michellod, président de la Commission intercommunale du feu d’Attalens, Bossonnens et Granges, qui relaie auprès de l’Etat la position des sept communes. Pour elles, cet éloignement créera un cercle vicieux: une démotivation des miliciens: un recrutement plus difficile et des effectifs en baisse; des distances d’intervention toujours plus grandes: des absences plus ardues à justifier auprès des employeurs.

Les sept exécutifs estiment que le district présente par ailleurs une structure de risque suffisante en soi. Le chef-lieu se démarque Conseiller communal à la tête du dicâstère du feu à Châtel-Saint-Denis, Daniel Maillard s’inscrit en faux et rappelle que l’efficacité est incontournable: «En Veveyse, les départs d’intervention et les compagnies resteront. Mais, en rejoignant le Sud, on peut en prime envisager une professionnalisation de l’état-major du bataillon, pour des tâches lourdes comme l’instruction, la gestion du budget ou le recrutement. La Veveyse a beaucoup à perdre en s’isolant.» François Genoud abonde: «Au quotidien, les sapeurs partiront toujours du Centre de renfort de Châtel, de la caserne de Granges ou de La Verrerie.

Les prérogatives des commandants de compagnie ne seront pas touchées.» Certes, l’association intercommunale se chargera des casernes, de la dotation, de nommer l’état-major qui chapeautera les compagnies et de financer l’exploitation. «Mais, en Veveyse, les quatre corps relèvent déjà de quatre associations de communes. Elles n’ont rien fait, ces dernières années, pour se regrouper. Et la fusion politique de la Veveyse n’a pas eu lieu. Ces deux éléments auraient donné une légitimité à un bataillon veveysan», argue le préfet. 

Préfets pour I’union 
François Genoud se range donc derrière la Conférence des préfets, favorable au seuil de 30000 habitants. «Il faut anticiper, plutôt que mener une guerre d’arrière-garde», déclare-t-il. En Glâne, le préfet Willy Schorderet insiste lui aussi sur la distinction entre le volet opérationnel, qui ne bouleversera pas l’action de terrain, et le volet administratif de la réforme. Selon lui, aucune commune glânoise ne conteste le seuil de 30 000 habitants.

Ce chiffre pourrait-il évoluer? Secrétaire général de la DSJ, Olivier Kampfen ne s’avance pas: l’analyse de la consultation n’est pas close. Il est prévu de soumettre la loi au Grand Conseil en 2020, pour une entrée en vigueur début 2021. D’ici là, les préfets devront consulter les communes, pour proposer un découpage institutionnel. «Nous veillerons. Nous sommes déterminés», avertit Savio Michellod, prêt à intervenir auprès des députés.

Voici la Prise de position des communes 

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