Article paru dans La Gruyère, 18 février 2012
Lara Gross
Bientôt rasée, la gare de Bossonnens fera place à un accueil plus adapté. De bon augure pour les usagers, contraints d’attendre sans abri.
Photo: La Gruyère |
Si les températures sont redevenues plus clémentes, ce n’est pas pour déplaire aux usagers des transports publics qui attendent tous les jours contre vents et marées à la gare de Bossonnens. Le bâtiment est fermé et n’offre aucun abri lorsqu’il faut patienter un quart d’heure entre deux correspondances. Dans un courrier, des habitants d’Attalens, Geneviève et Jean-Daniel Jaquier, interpellent les autorités.
«Je ne trouve pas normal que nos enfants attendent quinze minutes leur correspondance à Bossonnens, à côté d’un bâtiment qui est resté fermé ces dernières semaines, malgré les températures négatives.» Des trajets relativement longs pour rejoindre Châtel-Saint-Denis ou Bulle, des temps d’attente prolongés pour les correspondances et tout ceci par tous les temps… Cette situation ne va plus durer.
«Nous sommes conscients du problème de l’accueil en gare de Bossonnens, répond Martial Messeiller, porte-parole des TPF. Nous n’ouvrons plus la gare à cause de déprédations répétées. Mais, bientôt, le bâtiment et sa halle seront rasés pour faire place à un nouvel espace plus adapté.»
Une vision globale
Il est trop tôt pour dévoiler les contours de la nouvelle gare, qui servira vraisemblablement de modèle pour les arrêts des TPF à travers le canton. Un abri pour les vélos et des places de parc pour des déposes rapides sont prévus aux abords du site. «Il y aura également davantage d’espace pour que les bus puissent manœuvrer.»
Les coûts ne sont pas encore connus. Difficile d’articuler un chiffre aujourd’hui, car la nouvelle gare s’inscrit dans un projet plus large. A cela s’ajoute la participation financière de divers acteurs engagés dans le projet, les TPF, mais aussi la commune de Bossonnens, ainsi que le Service des ponts et chaussées, l’axe concerné étant une route cantonale. «Le concept Valtraloc de la commune inclut la gare de Bossonnens, rappelle le syndic, Jean-Marie Pilloud. Il est vrai que nous avons tardé à régler ce problème, mais c’est finalement un mal pour un bien. Si nous avions réalisé la traversée de la localité telle qu’elle avait été pensée en 2009, elle ne tenait pas compte de la démolition de la gare et du futur Sud Express.» La mise à l’enquête de sa destruction ne devrait plus tarder, la nouvelle infrastructure, elle, pourrait être prête d’ici à la fin de l’année.
RER Sud en bonne voie
Si le site va connaître une mue importante, l’horaire sera, lui, maintenu. Les usagers attalensois, notamment, auront toujours un battement à
Bossonnens. «Nous sommes conscients du problème, indique Michel Savoy, syndic d’Attalens. Nous devons d’ailleurs rencontrer prochainement le directeur de Vevey-Montreux-Chillon-Villeneuve (VMCV).»
Daniel Monnet, directeur des VMCV, confirme ce rendez-vous et souligne que si attente il y a, il faut tenir compte des correspondances à assurer à Vevey et à Palézieux. «Un quart d’heure, c’est correct, mais c’est évidemment plus difficile lorsque ça souffle et qu’il fait froid.» Les transports dans le Sud sont au cœur des réflexions (lire ci-dessus).
Le Sud Express, soit le futur RER Sud est actuellement à l’étude. Il prévoit de relier Bulle à Palézieux. «Nous planchons sur une liaison Gruyères-
Palézieux, glisse Martial Messeiller. Le dossier est désormais en mains politiques, son contenu devrait être dévoilé tout prochainement.»
Ils regardent passer le bus
Comme si l’attente à la gare de Bossonnens ne suffisait pas, les Attalensois voient également un bus leur passer sous le nez sans s’arrêter. Il s’agit d’un transport scolaire assuré depuis Granges, qui dépose les élèves à l’école primaire d’Attalens. «C’est un peu le “syndrome Vuisternens”, illustre Martial Messeiller, porte-parole des TPF. En Glâne, ils voient un train s’arrêter dans lequel ils ne peuvent pas grimper et là, c’est un bus qui ne s’arrête pas.» Les transports scolaires sont mis en place à la demande des communes et donc financés par ces dernières. «Ce bus scolaire n’est pas à l’horaire, il n’a pas de raison de s’arrêter avant l’école d’Attalens», explique Martial Messeiller. Et Daniel Monnet, directeur de Vevey-Montreux-Chillon-Villeneuve (VMCV) d’ajouter: «Les concessions sont données par la Confédération et le canton les finance. Si le bus scolaire s’arrête sur une ligne existante, celle-ci verra sa fréquentation diminuer, donc ses coûts augmenter.» Une situation qui pourrait mettre en péril la ligne existante.
La desserte nationale prime
Les voix ne cessent de s’élever pour signaler les oubliés des changements d’horaire, du RER ou encore du réseau national. Une pétition paraphée de 1792 signatures a été déposée par le conseiller communal de Granges Savio Michellod pour le maintien de la desserte de la gare de Palézieux. Eric Davet, de Villarimboud, a récolté 1500 signatures électroniques pour le maintien des InterRegio en direction de Genève-aéroport au départ de Romont et Palézieux, dès l’horaire 2013.
Dans un courrier, le Conseil d’Etat répond aux pétitionnaires que si «le Concept Romandie peut amener certains inconvénients pour une minorité de clients, il est nécessaire pour faire face à la forte croissance de la demande en transports publics». Il rappelle encore que la mise en place du RER entre Bulle et Berne n’a aucune influence sur le rallongement du trajet Romont-Palézieux-Genève prévu par l’horaire de décembre 2012.
Concernant le RER toujours, deux députés, Nicolas Rime (ps, Bulle) et Vincent Brodard (ps, Romont), usent d’un postulat pour demander au Conseil d’Etat «d’étudier en collaboration avec les TPF la possibilité de réintroduire des trains régionaux entre les différents passages du RER, et ceci, soit en remplacement, soit en complément des bus nouvellement introduits».