Visionnaire, diplomate, efficace... Les adjectifs élogieux ont plu sur Vincent Ducrot lors de sa nomination à la tête des CFF. Alors que ce dernier vient de prendre ses fonctions, les Transports publics fribourgeois (TPF) cherchent son remplaçant. Il sera connu à la fin du mois. «Nous avons examiné 57 dossiers, et nous sommes à moins de sept candidats. Nous sommes dans la phase finale de sélection», indique Georges Godel, conseiller d’Etat chargé des Finances et président du conseil d’administration des TPF. Inutile de réclamer des noms, tout est confidentiel.
Quel profil pour diriger cette entreprise de 1200 employés aux trois quarts en main de l’Etat? «La personne doit non seulement connaître parfaitement les transports publics, mais nous cherchons aussi un diplomate, bon communicateur, qui a des compétences sociales et de l’empathie», dit Georges Godel. En bref, le portrait de son prédécesseur. «Comme il s’agit d’un poste exposé, il faut une personnalité solide», pense Nadine Gobet, membre du conseil d’administration. L’après-coronavirus Un élément s’est ajouté récemment aux exigences requises pour le poste: «Le nouveau directeur devra avoir les capacités nécessaires pour gérer l’aprèscrise du coronavirus. Dans une situation où l’entreprise a perdu 80% de ses clients, c’est un challenge», admet Georges Godel.
La crise aura des effets durables: «Les habitudes de télétravail vont réduire une partie des déplacements de pendulaires. Certains estiment qu’on ne sera pas revenu à un taux de 90% d’usagers avant le mois de décembre», prévoit le Fribourgeois Jacques Boschung, membre de la direction des CFF. «L’un des défis sera de développer une nouvelle offre de loisirs pour inciter les vacanciers à visiter Fribourg. C’est d’ailleurs ce que préparent les autres entreprises de transports helvétiques pour 2020 et au-delà.» Mais la pandémie n’aura pas raison des projets lancés sous l’ère Ducrot: «L’Etat et les communes continueront d’investir .
dans les infrastructures. Ce serait une erreur monumentale d’arrêter. Nous avons la chance d’avoir des finances saines, et nous devrons continuer à développer le réseau.» Dans ce contexte, le directeur des TPF devra se montrer «visionnaire et faire des propositions». «Nous avons non seulement besoin d’un expert des transports publics mais aussi de tout le système de la mobilité», pense Jean-François Steiert, ministre de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions.
Une bonne connaissance des mécanismes de décision et des financements est requise: «Prenez l’exemple de la halte du RegioExpress Bulle-Berne à Guin. Vincent Ducrot l’a réalisée à partir de 2018, sans que cela coûte trop cher, et l’offre a été dynamisée en Singine. Certes, les TPF appartiennent à l’Etat, mais il faut un directeur qui aille dans le même sens et dispose des capacités pour concrétiser les demandes.» Parmi les défis, Jacques Boschung mentionne l’accélération des déplacements sur les axes cantonaux. «Il s’agirait notamment de raccourcir le temps de parcours entre Fribourg et Bulle.
Cela signifierait des investissements substantiels en termes d’infrastructures, peut-être vers Vuisternens.» Le développement du canton est corrélé à celui du réseau: «Romont n’est relié à Lausanne qu’à une cadence à l’heure, tout comme Palézieux à Fribourg. L’augmenter contribuerait au développement de ces deux régions.» Les clients «réclament aujourd’hui des modes de transports complémentaires, du train au vélo en passant par la gestion des coûts de parking, avec un fort souci écologique, ajoute Nadine Gobet. Cela passe également par une maîtrise des applications digitales.
» Du matériel écolo Un autre défi sera de rendre le matériel roulant plus écologique, notamment «avec l’électrification complète des lignes du Grand Fribourg», souligne Félicien Frossard, secrétaire général de l’Agglo. Les attentes portent aussi sur le développement de nouvelles lignes, par exemple entre la gare de Givisiez et Villars-sur-Glâne. La cadence horaire au quart d’heure dans le Grand Fribourg reste à faire. Sans compter les nouvelles gares à réaliser. «Il y a eu une dynamique importante sous l’ère Ducrot, qui a permis un rattrapage, mais on reste en dessous du taux de report modal de certaines villes alémaniques.
Je regretterais que cet élan soit interrompu.» La cadence «à la demi-heure n’est pas encore assurée entre la Veveyse et l’Hôpital cantonal», fait en outre remarquer Savio Michellod, président de la section cantonal de l’Association transports et environnement. Ce catalogue d’attentes et d’exigences dessinerait-il le faufil du futur directeur? Parmi les noms de papables circulent ceux de Jacques Boschung et de Georges Oberson, actuel directeur de Goldenpass, qui exploite la ligne Montreux-Oberland bernois. Tout le monde observe le silence radio pour l’instant. ».