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11 juin 2020

La future zone touristique de Vounetz attise les craintes

Article paru dans La Gruyère, 9 juin 2020 - FRANÇOIS PHARISA 

Dénonçant un développement touristique «au détriment des habitants», des citoyens s'opposent à la modification du PAL de Val-de-Charmey. Pro Natura et l'ATE comptent faire de même, mais pour d'autres raisons. 

VAL-DE-CHARMEY. Pas encore tracées que les futures pistes de VTT de Vounetz créent des tensions à Charmey. Un groupe d’une petite dizaine de résidents des quartiers de La Chaudalla, des Arses et de La Petite Fin - les hameaux situés sous le passage de la télécabine - s’opposent à la modification du Plan d’aménagement local (PAL) de Val-de-Charmey, dont l’enquête publique court jusqu’au 15 juin.

Cette modification doit permettre la création d’une zone touristique sur la montagne de Vounetz, indispensable au déploiement du programme d’activités ambitionné par Télécharmey SA, la société exploitante des remontées mécaniques (La Gruyère du 14 mai). 

«Pas contre la télécabine» 
Esther Lucciola fait partie de ces opposants. Elle tient à le souligner d’emblée, elle et les autres signataires ne veulent pas bloquer le développement des activités touristiques du village. «Nous voulons garantir que ce développement ne se fasse pas au détriment du bien-être des habitants, du revenu des exploitants et du droit à la propriété de certains citoyens. Nous avons toujours soutenu la télécabine en assemblée communale. Seulement, nous serons lésés par ces modifications et n’avons même pas été consultés. Nous nous sentons trahis par la commune.» 

Les opposants regrettent que «la zone dévolue au tourisme englobera plusieurs quartiers résidentiels, qui ont été choisis par leurs habitants en raison de leur éloignement du centre et de leur tranquillité, ainsi que de la vue dégagée sur toute la vallée». Tranquillité qui, selon eux, sera inévitablement mise à mal par les infrastructures prévues, les pistes de VTT en particulier. 

Dans le PAL, il est imaginé trois pistes au départ du sommet, réparties sur deux couloirs: l’une du côté de Tissiniva, les deux autres du côté du Ganet. Ces trois pistes, dont le tracé exact n’a pas encore été arrêté et fera l’objet d’une mise à l’enquête ultérieure, se rejoindront à la hauteur de la station intermédiaire pour ensuite descendre jusqu’à la station du village. 

C’est cette liaison qui fait grincer des dents. «Elle passera devant des habitations, ce qui entraînera une nuisance et un danger pour leurs habitants», relève Esther Lucciola, qui déplore le manque de communication de la commune. Dans son concept VTT, Télécharmey SA estime que cette offre pourrait «amener à Charmey 20000 à 30000 visiteurs supplémentaires durant les six mois de la belle saison». 

De son côté, la commune reconnaît que la cohabitation entre VTT, randonneurs et résidents représente «un défi». «Les craintes des riverains sont légitimes, peut-être dues à un manque de connaissances du dossier. Nous trouverons une solution conciliante. Ce PAL est perfectible», explique Bruno Clément, responsable de l’aménagement. Il l’assure, la liaison en question ne traversera pas les zones résidentielles. «Elle contournera le hameau des Arses pour rejoindre une piste nouvellement créée, parallèle au sentier de l’Epenetta, avant de piquer vers la station de départ de la télécabine.

Des problèmes de mobilité? 
Pro Natura et l’Association transports et environnement (ATE) trouvent aussi à redire sur le PAL de Val-de-Charmey. «Nous voyons d’un mauvais œil la hausse potentielle de trafic sur les routes menant aux endroits touristiques, notamment celle menant à la buvette de Tissiniva. Nous ne voulons pas que les touristes montent en voiture», relève Savio Michellod, président de l’ATE Fribourg. Pointant également du doigt ce problème de mobilité, Pro Natura, par la voie de son président Marc Vonlanthen, ajoute que «certains sentiers de raquettes passeront trop près de lieux importants pour la biodiversité». Une autre opposition pourrait émaner du WWF Fribourg.
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