Article paru dans La Liberté, 21 juin 2013
STÉPHANE SANCHEZ
Photo: Alain Wicht |
Entre facebook, son blog «Par amour de la Veveyse» et sa retentissante pétition pour la gare de Palézieux en 2011 (1792 signatures), il n'est sans doute pas un Veveysan qui n'ait entendu parler de Savio Michellod. Champion des pendulaires et pourfendeur des CFF ou de «l'immobilisme» politique, le jeune conseiller communal de Granges (Veveyse) multiplie les interventions médiatiques, surtout depuis 2011. La dernière en date, mi-mai: l'interpellation des élus fédéraux, pour qu'ils incitent le canton de Fribourg à demander la restauration des arrêts des InterRegio à Palézieux et Romont. L'agitateur attend une réponse du Conseil d'Etat.
«Je sais, j'agace certains. Dommage qu'on ne puisse pas défendre une cause juste sans déranger. Doit-on se taire et tout accepter de Fribourg, sans s'opposer à sa politique de centralisation?», interroge le jeune juriste de 28 ans, bien décidé à poursuivre son combat. «Je suis assez obstiné. Mais techniquement, le maintien de ces arrêts à Romont et Palézieux est possible. Ce n'est qu'une question de volonté politique. Ces arrêts sont vitaux pour 3000 pendulaires et pour deux districts en plein essor. Si personnes ne se bat pour les régions périphériques, les suppressions vont s'enchaîner. L'exemple de l'HFR est éloquent.»
«Il faut être incisif»
Faut-il voir autre chose derrière cet engagement tapageur? Le lancement d'une carrière politique? Après tout, le jeune juriste veveysan, engagé il y a un an au poste de secrétaire du PLR fribourgeois et vice-président des Jeunes radicaux du canton, n'a jamais caché ses ambitions: candidat au National en 2011, il ne cracherait pas sur un siège au Grand Conseil en 2016.
«C'est un peu sous la pression des pendulaires que cette cause est devenue la mienne», se défend Savio Michellod, lui-même pendulaire. La faute, aussi, à son dicastère communal, qui comporte les transports. «Et j'ai toujours pris soin de ne pas lier la cause de Palézieux et Romont au PLR, car ce combat dépasse les étiquettes politiques», ajoute le jeune homme.
Côté tapage, «il faut communiquer pour intéresser et sensibiliser les gens aux problèmes qui les touchent», justifie le Veveysan. «Sur Vaud, cela a fonctionné: il y a eu deux interpellations au Grand Conseil et un postulat. Sur Fribourg, une question, qui n'a pas encore reçu de réponse.»
Le jeune homme concède volontiers que son style tranche avec celui de la classe politique fribourgeoise, moins encline à utiliser les réseaux sociaux ou à solliciter les médias: «Mais ce n'est pas un style qui m'est propre: d'autres élus, surtout vaudois, comme Philippe Nantermod ou Christian Lüscher, utilisent aussi ces canaux. Sur Fribourg, la politique se pratique davantage à l'ancienne.» Et d'évoquer, aussi, une différence générationnelle: «Lorsqu'on est jeune, il est difficile d'être pris au sérieux. Il faut être incisif pour se faire entendre, en particulier dans ce canton. Les jeunes sont d'ailleurs beaucoup moins présents en politique à Fribourg qu'en Valais, par exemple.»
Agir, plutôt que subir
Savio Michellod, lui, se passionne pour la politique depuis son enfance. «Le conseiller national vaudois Charles Favre, ancien conseiller d'Etat, est un cousin de ma mère. Mon grand-père le soutenait mordicus. Mes parents, eux, sont plutôt de gauche. Du coup, les discussions en famille ont toujours été animées», explique-t-il. Pas étonnant, donc, que Savio Michellod soit entré en politique chez les Jeunes radicaux, en 2009. «La liberté, la responsabilité: ce sont des valeurs qui me parlent. Tout comme l'histoire de ce parti, l'esprit des pionniers de 1848, ou la figure de Delamuraz, proche des gens et qui osait défendre le pays. On a besoin de politiciens de cette trempe, pas de gens qui occupent une fonction.»
«Car l'intérêt, c'est de participer à la construction d'une commune ou d'une région, d'agir sur le destin, de faire usage de ces droits que les Suisses sont pratiquement seuls sur terre à posséder. Je le vois au niveau communal: on découvre plein de choses, on est en contact direct avec quantité de gens. Un mandat politique, c'est parfois ingrat, mais toujours formateur. Et c'est mieux que de rester chez soi, à subir et s'adapter.»